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De quoi s’agit-il ?
De théâtre dans le sens le plus simple et le plus évident du terme : Des groupes de jeunes qui fréquentent des ateliers de théâtre des MJC de Haute-Savoie et de Savoie viennent y présenter de dix à vingt minutes de scènes, sketchs ou extraits de pièces.
Ils ont de douze à dix-sept ans, et sont débutants ou aguerris mais tous aussi curieux des autres que désireux de se produire devant eux.
Nous, Florence et Pierre, avons été sollicités par l’équipe décidément sympathique de la MJC pour être les « conseillers » de cet événement. Oui, on dit « conseillers » et pas « jury » ni « évaluateur » parce que toute idée de sélection ou de classement est exclue de la démarche. Il ne s’agit pas de pontifier sur les bonnes ou les mauvaises pratiques, moins encore de classer, de noter ni (horreur !) de comparer. Il s’agit d’écouter, de recevoir, de ressentir, de dire et d’encourager ce qui marche bien.
Posé comme ça, on pourrait craindre de tomber dans le « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », mais ce serait mal connaître le niveau d’engagement des jeunes et la qualité du travail de leurs animateurs.
Il y avait huit groupes d’ados (13 - 17, grosso modo) et pré-ados (12 - 14, grosso modo aussi) avec des effectifs allant de une (!) à quinze, pour un total de quatre-vingt jeunes, et présentant des travaux différents comportant de nombreux aspects et composants d’un spectacle de théâtre. De la poésie, des textes drôles, des textes pas drôles, de la littérature à plusieurs voix, des préoccupations adolescentes, des drames d’adultes, de l’occupation d’espace, des préoccupations scénographiques, de l’écoute, beaucoup d’écoute, de la complicité et de la solidarité, beaucoup de solidarité.
Il y avait aussi de grands absents, mais qu’on n’a remarqués qu’à la fin : pas d’énervement, pas de mauvaise humeur ni de mauvais esprit, de cabotinage, de rivalité malsaine, de jalousie… il faut dire que tout était fait pour que ça se passe bien, depuis la mise à disposition de l’ensemble des salles, l’accueil souriant et amical de Bruno et Thomas, et la remarquable organisation par la MJC, mais il y avait aussi là le signe des bonnes pratiques des animateurs : tous ces jeunes montent sur scène pour de bonnes raisons, pas pour « faire les malins ».
Dans 
par le groupe de Meythet, mais aussi dans 
les « Sketches » de Claude Carré par le groupe de Reignier, beaucoup de questions relationnelles - qui je suis dans un groupe ? comment parler à quelqu’un qui me plait ? comment me faire comprendre ? comment dire ce que je ressens ? - traitées avec humour.
(« C’est normal… à cet âge » se disent les adultes en riant jaune pour se faire croire (Ah ! ah ! ah !…) qu’ils n’ont plus de problèmes de séduction…)
- De la bêtise ordinaire, de celle qui nourrit et sous-tend les théories imbéciles, efficacement et plaisamment présentée dans « Ceux d’en Face » de Jean-Luc Annaix, par un groupe d’Annemasse,
De la création sensible, poétique et presque informelle, « Jusqu’où peut-on aller ? » un très beau solo de Eva (La Roche-sur-Foron) sur son propre texte,
Du flottement dans la semi réalité et le pseudo-rêve de la soirée façon boite de nuit, (extraits de « La Nuit » de Régis Duqué, 
par un groupe de La Roche-sur-Foron,
Un coup de poing en pleine figure, tout à fait à la hauteur de la monstruosité du sujet : le tyran domestique, extrait de "Le Prédateur", une création collective rassemblée et rédigée par Christine Escartin de « Les Pitchounes Art Compagnie » de Bonneville,
Une longue errance dans la bizarrerie d’une vie « différente » et attachante avec des parents « pas pareils » avec combines, déménagements incessants et accent par dessus le marché, « Alice pour le moment » de Sylvain Levey, par un groupe de La Roche-sur-Foron,
- Une hirondelle du Canada où les tortues ne font pas le printemps, où les Hosties ne sont pas des Tabarnak et où on peut maigrir en utilisant des moyens atypiques, plaisant « teasing » de « 2h14 » de David Paquet,
par un groupe d’Annemasse qui donne furieusement envie d’en savoir plus.
Et autour ?
Il flottait autour de tout cela une ambiance très stimulante de curiosité et de bienveillance. On l’a ressentie dès le début de la journée, dès l’arrivée. Une forte envie de jouer, de l’anxiété un peu, du trac, mais de l’envie avant toute chose. Et dès le début des représentations, une écoute incroyable de la part des « autres », qui produisait bien sûr une forte pression sur les acteurs, mais leur proposait aussi un merveilleux tapis volant toujours prêt à décoller.
Pendant deux heures et demi l’attention ne s’est pas relâchée, pendant deux heures et demi, le théâtre est venu dire ses vérités, souvent plus belles, plus dures, plus terribles, plus enjouées, plus colorées que l’ordinaire réalité, pendant deux heures et demi nous avons été ballotés, bousculés, émus, par le pouvoir de quelques mots, de quelques gestes… Ah la belle vie !
Et puis ensuite, lorsque chacun a pu dire ce qu’il avait ressenti et que les comédiens se sont parlé les uns aux autres, on a pu mesurer à quel point ils sont engagés dans cette démarche, avec quel sérieux. Ils se sont dit ce qu’ils ont aimé, ce qui les a fait rire, ce qui les a touchés… l’essentiel.
Et après ?
Il faut maintenant réfléchir à un « après », une suite à ces rencontres. Que faire ? Un stage ? Aller voir des spectacles ensemble, rencontrer des comédiens ? On ne sait pas encore, on cherche, mais on sait maintenant la puissance du moteur qui pousse tout ça en avant.
Qu’on se le dise !
Il faut faire savoir que les animateurs des groupes de théâtre font du bon travail.
Ils se nomment :
- Julie Reignier
- Alexandra Vorillon
- Christine Escartin
- Alexandre Zanotti
Il faut répéter, leur modestie dût-elle en souffrir, que l’équipe de la MJC de Meythet n’a de leçon à recevoir de personne pour ce qui est de l’efficacité et de l’hospitalité.
La Compagnie Acte Un est très honorée d’être le partenaire de ces bons moments. Son blog est ouvert à la publicité des présentations publiques des groupes qui se sont produits en cette occasion, et elle espère vous revoir tous bientôt.
Bravo à tous !
